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elle. Le mouton les suivit, et il frappait des coups de tête dans les cotillons de la jeune fille. Le garçon essayait de l’atteindre avec son bâton ; mais l’animal esquivait les coups et trouvait moyen de venir heurter avec ses cornes le tablier, qui bientôt fut en lambeaux. Le chien de la ferme, loin de vouloir mordre le mouton, avait la queue entre les jambes et hurlait de frayeur.

— Puisque le chien a peur, dit le garçon à la fille, je m’en vais ; arrangez-vous comme vous pourrez.

Il prit son chapelet et s’en alla en disant ses patenôtres.

Le mouton accompagna la jeune fille jusqu’à la porte de sa maison. Elle eut si peur de cette aventure que, se croyant damnée, elle se fit religieuse, et le garçon qui l’avait accompagnée devint prêtre.


Cette légende est populaire dans les environs de Plélan-le-Petit (Côtes-du-Nord), et l’on cite les noms de ceux à qui elle est arrivée.

Les lutins et les sorciers peuvent prendre la forme de presque tous les animaux domestiques. (Cf. Traditions, superstitions et légendes de la Haute-Bretagne, p. 9, 21 et sqq.) Mais la forme qu’ils affectionnent est celle du chat ; les chats eux-mêmes sont sorciers quand on ne leur a pas coupé le bout de la queue. (Cf. Contes populaires de la Haute-Bretagne, n° LI et LII.)