§ II. — Les lutins et les sorciers.
La croyance aux lutins existe encore sur beaucoup de points de la Haute-Bretagne : les lutins qui, d’après la nature de leurs fonctions, portent des noms différents, sont une race espiègle, généralement malfaisante, mais susceptible néanmoins de s’attacher à des personnes ou à des maisons et d’y faire tout prospérer, à la condition que rien ne vienne les troubler et qu’on ne contrarie pas leurs habitudes.
Les histoires de lutins sont en général fort courtes. J’en donne ici une comme spécimen. Dans ses Légendes du Morbihan, le docteur Fouquet en cite un assez grand nombre, et il semblerait, d’après la place qu’ils occupent dans ses récits, que les Gallots du Morbihan y croient plus fermement que ceux du versant de la Manche. Voici, quelque peu abrégé, celui qui m’a semblé le plus joli ; il est intitulé : Les Follets et les vieilles Filles.
Les follets tourmentaient toute la nuit deux vieilles filles qui avaient essayé vainement de les repousser à grand renfort de médailles et de chapelets : un soir elles aspergèrent d’eau bénite toute la maison, y compris les portes, les fenêtres et le foyer, puis elles se couchèrent ; la nuit venue, les follets arrivèrent comme de petits fous, mais l’eau bénite les brûla. Alors ils grimpèrent jusqu’aux gazons du toit qu’ils jetèrent un à un dans le foyer par la cheminée, et, marchant avec précaution sur ces gazons