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qui n’était point des plus fines, lui raconta toutes ses affaires et lui dit qu’elle était humiliée de n’avoir que de vilains habits.

— Je vais, lui dit le monsieur, vous donner de l’argent, et rien ne vous manquera ; j’y mets pour seule condition que vous vous engagerez par écrit à être à moi dans trois ans, si vous ne pouvez me rendre ce que je vous aurai prêté.

Elle qui pensait que le monsieur entendait qu’au bout de trois ans il l’aurait épousée, consentit très-volontiers à l’engagement.

Rien ne manquait chez elle : elle avait à souhait des bêches pour travailler son jardin, des tonneaux de cidre, des pièces de toile, de beaux cotillons de rayé. Quand elle désirait quelque chose, il lui suffisait de le demander au monsieur, qui venait tous les soirs chez elle, lorsque la nuit était close.

Ses voisines, qui l’avaient connue si pauvre, s’étonnaient de voir que tout d’un coup elle était dans l’abondance, et elles se demandaient comment elle avait bien pu s’y prendre pour cela.

L’une d’elles vint un jour la voir et lui dit :

— Prête-nous des outils, Adèle ?

— Non, dit-elle, je ne peux.

— Est-ce qu’ils ne sont pas à toi ?

— Si, ils sont à moi ; mais je ne peux les prêter.

— Qui te les a donnés ?