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ter sur la cheminée du logis, et de lui envoyer ce qu’il demanderait.

— Voulez-vous me loger, pour l’amour de Dieu ?

— Non, bonhomme ; passez votre chemin ; la maison n’est pas une auberge.

— Logez-moi, je vous en prie ; je ne peux aller plus loin. Vous me coucherez sur une botte de paille, et cela ne vous gênera guère.

Les gens de la maison lui permirent d’entrer, et ils lui offrirent à manger.

— Non, merci, répondit-il ; je ne mange que ce que Dieu me donne, et si j’ai besoin de quelque chose, il me l’enverra. Mon Dieu, dit-il, envoyez-moi un gâteau.

À l’instant un gâteau descendit par la cheminée.

— Envoyez-moi des amandes.

Des amandes tombèrent aussitôt dans le foyer.

— Merci, mon Dieu, dit le chercheur de pain.

— C’est un saint, disait le bonhomme ; il faut le mettre à coucher avec notre fille.

Le saint se mit au lit avec la jeune fille, qui bientôt s’écria :

— Maman, le saint me bitte (me touche).

— Ne dis rien ; c’est un saint.

Cinq ou six mois après, on s’aperçut que la fille était enceinte, et la bonne femme, toute fière, entra dans l’église avec son bonhomme et sa fille en criant :