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— Et ton père ?

— Il est à la chasse.

— À quelle chasse ?

— Tous ceux qu’il ne peut tuer, il les rapporte, et tous ceux qu’il peut tuer, il les laisse là.

— Et toi, que fais-tu ici ?

— Moi, je cuis les allants et les venants.

— Ah ! dame, s’écria le prêtre, explique-moi un peu toutes tes drôleries : ta mère est à cuire une fournée de pain mangé, ton père à la chasse d’où il rapporte ceux qu’il ne peut tuer et laisse ceux qu’il tue, et toi qui cuis les allants et les venants ; qu’est-ce que tout cela veut dire ?

— Ma mère, répondit la petite fille, est à cuire une fournée de pain,pour rendre celui qu’elle avait emprunté et qui est mangé d’avance ; mon père est à chercher ses poux derrière un fossé : il laisse là tous ceux qu’il tue et rapporte ceux qu’il ne peut tuer.

— Et toi, comment cuis-tu les allants et les venants ?

— Voyez, dit-elle, en ôtant le couvercle de sa marmite ; je cuis des pois qui vont et viennent dans l’eau.

— Veux-tu me donner quelque chose ? dit le prêtre.

— Prendriez-vous bien un lièvre ?

— Oui, volontiers.