Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Fin voleur criait et se démenait dans son sac ; mais il ne pouvait en sortir, car le haut était lié solidement. Ses cris attirèrent un marchand qui passait, et qui s’arrêta à lui demander pourquoi il se plaignait de la sorte :

— Ah ! dit-il, je vais être jeté à l’eau parce que je ne veux pas me marier avec la fille du roi.

— Sot que tu es ! Je l’épouserai bien, moi, et si tu veux je prendrai ta place.

— Alors délie le sac, et je t’y mettrai en t’enfermant de manière à ce qu’on ne s’aperçoive de rien. Quand tu sentiras qu’on te soulève, tu diras que tu veux bien maintenant consentir à ce qu’on exige de toi.

Après avoir mis le marchand à sa place et avoir soigneusement ficelé le sac, le Fin voleur s’empara du cheval et de la valise, et se hâta de s’éloigner.

Le seigneur et son domestique revinrent, et quand ils soulevèrent leur homme pour aller le jeter dans l’étang, ils l’entendirent crier :

— Messieurs, je veux bien maintenant.

— C’est fort heureux, dit le seigneur ; je vois avec plaisir que tu es un homme accommodant.

Ils précipitèrent dans l’étang le pauvre marchand, qui coula à fond et se noya.