Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’as-tu mesuré ? lui dit-il quand il lui rapporta le boisseau.

— Du grain, monsieur, répondit le Fin voleur.

— Est-ce que cette année tu as récolté des écus de six livres ?

— Non ; mais je vais vous dire le fin mot : j’ai tué mes vaches, et je les ai vendues à raison de mille francs la peau.

Le seigneur fit abattre et écorcher toutes ses vaches, et porta les peaux au marché, où il criait :

— Qui veut acheter des peaux de vache ?

Les marchands s’approchaient ; mais dès que le seigneur leur disait le prix qu’il voulait de chaque peau, ils lui éclataient de rire au nez, et il ne tarda pas à être moqué et hué par tous ceux qui étaient là.

Il revint bien en colère, et s’empara du Fin voleur qu’il fourra dans un sac ; puis son domestique et lui partirent pour aller le noyer. Quand ils furent arrivés sur le bord d’un étang profond où ils voulaient le jeter, ils eurent soif, et, apercevant une auberge, ils résolurent d’y entrer pour se rafraîchir.

Ils déposèrent le sac sur le bord de la route, en disant à l’homme qui y était enfermé d’employer cet instant de répit à faire son acte de contrition.