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Le matin venu, le seigneur trouva les gendarmes à leur poste.

— Eh bien ! le Fin voleur a-t-il pris la fournée ?

— Nous ne l’avons ni vu ni entendu.

— C’est bien ; venez boire un coup à ma santé.

— Il ferait bon, dit un des gendarmes, de retirer du four les pains et le pâté ; ils doivent être cuits à point maintenant.

On ouvrit le four ; mais les pains n’y étaient plus. Le seigneur se mit en colère contre les gendarmes, qu’il accusa de négligence.

— Cependant, dit l’un d’eux, nous avons bien veillé, et le pâté est encore là.

Le Seigneur prit le pâté et le porta à sa femme qui, à moitié endormie, voulut le goûter ; mais dès qu’elle eut porté le premier morceau à sa bouche, elle fit une grimace horrible et s’aperçut que la terrine ne contenait que de la bouse de vache.

— Scélérat de voleur ! s’écria le seigneur, il m’a dérobé ma farine, enlevé mon pain, mon pâté, et fait manger à ma femme de la bouse de vache. Il se moque de moi, mais il me le paiera cher !


Le seigneur alla encore chez le Fin voleur qui, dès qu’il l’aperçut, se cacha dans le tonneau.