Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vers minuit, l’un des gendarmes dit à son camarade :

— Il fait bien froid, et l’on n’entend pas remuer ; si l’un de nous allait se coucher, il dormirait un peu et viendrait ensuite prendre la place de l’autre, qui se reposerait à son tour jusqu’au matin.

— J’y consens, dit le second gendarme ; et puisque c’est toi qui as eu cette bonne idée, va te coucher le premier.

Une heure après, le Fin voleur arriva en faisant du bruit avec ses souliers, et, déguisant sa voix, il dit :

— Tu n’as rien vu, camarade ?

— Non.

— Va te coucher ; je vais veiller à ta place. Quand le gendarme fut parti, le Fin voleur prit

le pâté et les pains qui étaient cuits, et les mit en lieu sûr à quelque distance, puis il plaça une belle bouse de vache dans la terrine où avait cuit le pâté, referma le four et se mit en sentinelle.

Au bout de quelque temps, le gendarme qui était parti le premier revint et dit :

— Rien de nouveau ?

— Rien.

— Alors va te reposer, et reviens quand il fera jour.

Le Fin voleur partit et emporta chez lui ce qu’il avait dérobé.