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— Ah ! s’écria le meunier, c’est le Fin voleur qui est venu ce matin et qui m’a joué ce tour-là.

Le seigneur alla à la maison du Fin voleur ; celui-ci l’aperçut de loin et alla se cacher dans un tonneau placé debout et défoncé par le haut, après avoir recommandé à sa femme de répondre : « Oui, monsieur, il le fera », toutes les fois qu’elle le verrait passer un doigt par le trou de la bonde.

— Bonjour, dit le seigneur à la femme ; où est votre mari ?

— Il est parti ce matin comme d’habitude, et il n’est pas encore revenu.

— Dites-lui de venir me parler ; je veux qu’il vole cette nuit le pâté qui sera à cuire dans mon four.

— Oui, monsieur, il le fera.

— Comment ! il le fera ?

— Oui, monsieur, il le fera, s’il plaît à Dieu.


Le seigneur plaça aux deux côtés de la gueule du four deux gendarmes en faction et leur recommanda de faire bonne garde.

Quand la nuit fut close, le Fin voleur arriva à pas de loup et vit que le four était bien gardé.

— Ah ! dit-il, il n’y a rien à tenter pour le moment. Et il se cacha sans bruit pour épier ce qui allait se passer.