Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Prête-moi les dix écus, ami Jean ; tu m’empêcheras d’aller en prison, et je ne tarderai pas à te les rendre.

— Je voudrais bien le faire pour t’obliger ; mais nous n’avons plus à la maison qu’un peu de galette pour le repas de ce soir, et demain il faudra que j’achète de la farine avec l’argent de ma vache. Si je te donnais les dix écus, ma femme me gronderait.

— Ne crains rien, et prête-moi ton argent ; je saurai bien te procurer de la farine, et si tu n’en as pas ce soir, tu en auras certainement demain matin.

Jean le Diot, persuadé par ces promesses, lui donna l’argent et l’emmena même souper. Quand sa femme apprit ce qui était arrivé, elle le gronda bien fort.

— Vilain innocent! que tu es bête d’avoir donné tes dix écus de bel argent à cet affronteur qui t’a fait accroire qu’il te fournirait avec quoi faire du pain, et qui va encore se moquer de toi quand il aura partagé notre souper !

— Taisez-vous, bonne femme, dit le Fin voleur ; je vous montrerai demain matin si je suis homme de parole.


Le lendemain, dès qu’il fut jour, le Fin voleur emprunta un sac, le remplit de sciure de bois bien