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Le recteur criait : À moi ! à moi ! mais le bedeau, à chaque mot, se contentait de répéter Amen. Et je ne sais ce que le recteur est devenu.

Quand le fils de la bonne femme se fut perfectionné dans son métier, il se mit à son compte et ne tarda pas à acquérir la réputation de fin voleur[1].


Le Fin voleur avait été condamné par la justice à payer une somme qu’il devait ; mais il n’avait que peu d’argent, et il lui manquait dix écus, faute desquels il se voyait menacé de la prison.

Il alla de porte en porte les demander à emprunter ; mais personne ne consentit à lui prêter la moindre chose, et il s’en retournait bien tristement chez lui, quand il rencontra Jean le Diot.

— D’où viens-tu, Jean ?

— De la foire où j’ai vendu une vache ; mais elles n’étaient pas bien chères aujourd’hui ; je n’ai pu trouver que dix écus de la mienne, qui était pourtant une bonne laitière.

  1. Conté en 1879 par Marie-Louise Le Bossé, d’Ercé-près-Liffré (Ille-et-Vilaine), âgée de vingt ans environ, fille d’un cultivateur-propriétaire. Ce qui suit, et qui forme la suite du Fin voleur, m’a été conté par d’autres personnes dont on trouvera le nom à la fin du conte.