Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En entendant ces mots, le recteur eut si grand’peur qu’il sauta à terre et courut à toutes jambes au presbytère, aussi lestement que s’il n’avait jamais eu de rhumatismes.

Peu après, le maître voleur revint.

— C’est moi, dit le gars à son patron, qui ai fait belle peur à deux hommes qui sont passés par ici ! Je croyais que c’était vous qui arriviez avec le cochon, et quand j’ai demandé s’il était bien gras, ils se sont enfuis comme s’ils avaient vu le diable.

Le patron du fin voleur, ayant pris le cochon, voulut le saigner ; mais voilà le cochon qui se sauve dans le grenier du sacristain, et il remuait le bois qui était sur le plancher.

Le sacristain alla chercher le recteur et lui dit :

— Monsieur le recteur, venez vite ; le diable est dans le grenier.

— Je ne puis aller.

— Venez, je vous en prie.

Quand ils furent à la porte du grenier, le recteur dit au sacristain :

— À tout ce que je dirai, tu répondras : Amen.

Mais quand on eut ouvert la porte, le cochon se précipita entre les jambes du recteur, qui resta à cheval sur lui, et il l’emportait sur son dos.