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pièces que je possède encore. Ce sentiment de surprise s’est déjà manifesté lorsque j’ai publié mes Contes populaires de la Haute-Bretagne ; mais il tient surtout à ce que les gens qui sont en relations journalières avec le peuple des campagnes ne connaissent guère que son extérieur, et ne sont pas suffisamment patients et observateurs pour découvrir ses coutumes singulières et pour noter ses croyances, ses chants, ses aspirations, ses superstitions, tout ce qui en un mot ne se livre pas au premier examen. Il est juste d’ajouter que l’habitude de toujours voir les choses même originales les fait paraître toutes naturelles.

Recueillir cette littérature parlée n’est point aussi facile qu’on se l’imagine ; elle n’est point écrite ni réunie en des endroits déterminés ; elle est au contraire dispersée dans la mémoire d’un grand nombre de personnes, d’où il n’est pas toujours aisé de la faire sortir. On n’y arrive qu’à force de temps et de persévérance, et il est de plus nécessaire de bien connaître la langue des paysans et de leur inspirer confiance ; sans cela, ils demeureraient obstinément fermés, et l’on ne saurait rien ou peu de chose.

Les manifestations de la littérature orale sont très-diverses et très-complexes ; on pourrait presque dire qu’elle est partout et nulle part.