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morceau qu’il avait acheté, et le traîna tout le long de la route, si bien que, lorsqu’il arriva chez sa mère, la viande était déchirée par les pierres du chemin, couverte de boue et d’immondices, et en si mauvais état qu’elle n’était plus bonne qu’à jeter aux chiens.

— Me voilà encore bien aujourd’hui ! dit la bonne femme. Je ne pourrai donc rien faire de toi, puisque tu n’as pas eu assez d’esprit pour prendre un panier et mettre la viande dedans ?

— Une autre fois je serai plus fin, répondit le gars.

Quand vint le temps de la récolte, sa mère eut besoin d’un van pour vanner le blé, et elle l’envoya en chercher un.

Il prit son panier et essaya d’y faire entrer le van ; mais n’ayant pu y parvenir, il le coupa en plusieurs morceaux et l’apporta bien précieusement.

— N’y avait-il plus de van chez le marchand ? dit sa mère en le voyant revenir avec un simple panier sous le bras.

— Si, ma mère ; j’en ai un bon : il est dans mon panier, et je ne l’ai point laissé traîner sur la route.

Et il ôta précieusement tous les morceaux et les mit devant sa mère.

Celle-ci lui reprocha encore sa sottise et lui dit