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les auditeurs ne s’en indignent pas, car au-dessus de cette question, secondaire pour eux, il y a la pensée maîtresse de la plupart de ces contes, qui est le triomphe d’un enfant du peuple, en qui se personnifie le peuple lui-même, sur ceux qui ont été pendant si longtemps ses maîtres. Et sans vouloir faire ici une dissertation politique qui serait déplacée, je puis dire que la note dominante de ces contes facétieux est une note profondément démocratique.

Le clergé lui-même n’est point épargné : dans quelques-uns des contes qui suivent, on verra combien les conteurs populaires sont peu respectueux pour la soutane, qu’ils ne traitent pas, du reste, avec plus d’irrévérence que la couronne et la puissance féodale. J’ai un grand nombre d’autres contes où les prêtres sont attrapés, parfois d’une manière cruelle, et aussi avec des détails d’un naturalisme à faire concurrence au Moyen de parvenir. Les conteurs n’y prennent point de mal, et ils font leur récit épicé avec une telle candeur que la grossièreté parait à peine quand on les entend.

À côté des contes qui ont pour ainsi dire une philosophie et une sorte de portée quasi-sociale, il en est d’autres qui sont de pures facéties, et dont le seul but est de faire rire l’auditoire par le récit d’aventures comiques, ou de mots d’un sel parfois grossier, mais presque toujours plaisant.