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siècle, le nom de femme de gynécée (genitiaria) était devenu synonyme de courtisane.

À la même époque le travail aggloméré prenait une autre forme, qu’il n’a pas encore perdue, en s’introduisant dans les couvents. Les hommes éminents et pratiques qui fondèrent les grands ordres de l’Occident recommandèrent le travail manuel, Saint Benoit, saint Colomban, saint Isidore de Séville, saint Maur, prescrivirent aux moines les occupations des artisans.Dans les couvents de femmes non-seulement les religieuses faisaient de leurs mains tout ce qui était nécessaire à leur subsistance et à leur vêtement, depuis le pain jusqu’à la chaussure et aux étoffes de laine, mais elles fabriquaient encore pour le dehors. La filature, la teinture de la laine prenaient une notable part de leur vie, Une règle antérieure au neuvième siècle ordonne aux sœurs de rester à l’ouvrage de la deuxième à la neuvième heure et permet à l’abbesse, dans certains cas, de faire durer le travail jusqu’au soir. La règle de Saint-Césaire d’Arles, donnée par la reine Radegonde au monastère de Poitiers et publiée par M. Augustin Thierry dans ses Récits des temps mérovingiens, contient de semblables prescriptions. Ainsi la question, si débattue de nos jours, de la concurrence faite par les couvents au travail libre existait dès les premiers siècles du monde moderne.

Tel était l’état des choses pendant la première moitié du moyen âge, alors que la servitude était fréquente et que le travail n’était pas enfermé dans les