trent sains et saufs le soir avec les chevaux chargés. Jasper-House se compose de trois misérables cabanes. L’habitation contient deux chambres de quatorze ou quinze pieds carrés. L’une est consacrée aux allants et venants : voyageurs indiens, négociants, femmes, hommes et enfants s’y entassent pêle-mêle ; l’autre chambre appartient à Colin et à sa famille, composée d’une femme indienne et de neuf enfants métis ; une des deux autres huttes sert de magasin aux provisions, lorsqu’on peut en avoir, et j’aurais pris la dernière pour un chenil, si je n’avais vu les chiens rôder sans gîte autour des habitations. Cette hutte contient les chevaux destinés aux voyageurs qui traversent la montagne.
5 novembre. — Nous partons avec une cavalcade de treize chevaux chargés ; mais comme nous ne pensons pas pouvoir leur faire passer la montagne, je me fais faire par un Indien une paire de raquettes à neige. Les Indiens, dans les environs, ne sont pas au nombre de plus de quinze à vingt ; ils sont Shoo-Shawp, et leur chef s’appelle la Capote-Blanche. Il habite à une grande distance au nord-est ; mais il a été affreusement battu dans son pays en voyageant avec trente-sept personnes de sa tribu, par une tribu hostile qui l’avait invité à venir fumer le calumet de paix. Les hommes de la Capote-Blanche déposèrent leurs armes ; mais avant qu’ils eussent le temps de fumer, leurs hôtes s’emparèrent d’eux et les massacrèrent, à l’exception de onze qui se réfugièrent à Jasper-House où ils restèrent n’osant pas regagner leur patrie. La Capote-Blanche est un très-simple et brave vieillard avec lequel je ne tardai pas à me lier d’amitié.
Nous quittons Jasper-House vers midi, et passons la rivière dans un petit canot pour gagner l’endroit où