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M. Gillveray blesse une antilope qui passait la rivière où je l’achève ; nous campons à la place même et faisons un succulent souper.

1er  novembre. — Entré le matin dans Jasperlake. Ce lac a environ vingt milles de longueur, et de trois à quatre milles de largeur ; mais il est très-bas en cette saison, les sources de la montagne étant gelées. Nous débarquons trois hommes pour soulager le canot ; mais quelques instants après s’élève une bourrasque terrible qui nous mène au nord ; une tempête de neige vient s’y ajouter ; nous campons. Ceci est bien malheureux : nous ne pouvons communiquer avec les hommes restés en arrière qui se trouvent ainsi sans provisions et sans couvertures par un froid intense.

2 novembre. — Nous touchons aux montagnes ; la neige est profonde ; on se figurerait difficilement la force du vent qui se déchaîne à travers une brèche formée, d’un côté, par le rocher perpendiculaire de quinze cents pieds, appelé le rocher de Miette, et une immense montagne de l’autre. Le nom de Miette vient d’un voyageur français qui grimpa jusqu’à son sommet, et s’assit fumant sa pipe avec les jambes pendantes au-dessus d’un abîme horrible ; M. Gillveray et le guide vont en avant près de Colin Frazer à quatorze ou quinze milles pour se procurer des chevaux, parce que nous voyons que la marche en bateau devient impossible, tant à cause des eaux basses que de la violence du vent.

3 novembre. — La bourrasque continua avec la neige ; d’après ce qu’on m’a dit, il règne toujours du vent dans cet endroit. La forêt se compose en entier de très-hauts pins, petits en circonférence, et poussant très-serrés ; la tempête leur donnait un aspect bizarre