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ménages, qui vivent dans son enceinte. Leurs travaux consistent surtout à construire des bateaux pour le commerce, à scier du bois qu’ils font flotter sur la rivière. Les peupliers abondent sur ces rivages, et le fort en brûle chaque hiver huit cents cordes à peu près. Les femmes, presque toutes Indiennes ou métis, font des mocassins et des vêtements pour les hommes et convertissent la viande séchée en pimmikon.

La nuit de notre arrivée à Edmonton, le vent s’éleva à l’état de tempête, et nous bénîmes la Providence de nous trouver ainsi en sûreté. La prairie que nous venions de traverser quelques heures auparavant, était en feu, et formait un spectacle terrible de beauté, à cause de l’éclat des flammes plus grand dans une nuit plus obscure. Nous tremblions de voir l’incendie se propager du côté du fort qui eût été nécessairement détruit. Nos craintes pour M. Rundell, que nous avions laissé en arrière avec les gamins, ne furent calmées que trois jours après, quand il vint. Il paraît qu’il aperçut la flamme à une grande distance et qu’il gagna au plus vite la rivière qu’il traversa pour son bonheur. En pareil cas, les Indiens, quand ils se trouvent près d’une prairie enflammée, mettent le feu à une longue traînée d’herbes devant eux, et, en la suivant ensuite, ils échappent à tout danger, sauf à la fumée qui les suffoque presque.

Comme nous devions rester à Edmonton jusqu’à l’arrivée du bateau avec M. Lane et les fourrures pour la Russie, je me mêlai beaucoup aux Indiens qui entourent toujours le fort pour leur commerce. C’étaient surtout des Crees et des Assiniboines. Je fis le portrait d’un chef assiniboine, Potika-Poo-Tis, ou « le Petit-Homme rond. » On le connaissait beaucoup à