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brisent les pieux par leur seul poids. On me parla d’une embuscade entièrement formée des ossements de bisons empilés en rond comme les bûches que je viens de décrire. Cette négligence de ne pas recueillir la viande expose les Indiens à de grandes privations pendant la saison où les troupeaux émigrent vers le sud.

Comme cela arrive souvent dans ces chasses, une grande bande de loups errait autour de nous dans l’espoir d’une fête, et un jeune Indien, pour nous montrer son adresse, s’élança vers eux. Il arriva à en séparer un du troupeau, et, malgré tous les détours du loup, l’amena dans notre voisinage. En approchant, il lâcha la bride de son cheval et on aurait cru, aux évolutions de l’animal, qu’il était aussi ardent à la poursuite que son maître. Celui-ci, dès que le loup fut près de nous, le transperça d’une flèche du premier coup. Nous choisîmes un joli endroit sur le bord de la rivière, et nous y campâmes.

13 septembre. — Ce matin nous avons passé une petite île où nous avons vu dix-huit daims. Un de nos chasseurs les tourna, et fit coup double sur eux. Le reste du troupeau vint sur nous, et comme un superbe mâle montait la berge, nous le tirâmes. Je le suivis à son sang et je le vis bientôt couché, en apparence si épuisé, que je ne le tirai même pas ; je le perdis pour ce motif, car en m’approchant il fit un bond et disparut dans le fourré sans que je pusse le rejoindre. En revenant, je trouvai deux loups occupés à lorgner mon cheval, qui tremblait de tous ses membres. L’un d’eux se préparait à l’attaquer : j’eus la satisfaction de les tuer l’un après l’autre en deux coups de fusil.