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alors galope le long du troupeau, qui, par suite d’un instinct invincible, cherche invariablement à passer devant le cheval. J’ai vu des bisons me suivre ainsi pendant des milles entiers. Le chasseur possède là un moyen sûr, pour peu qu’il manie bien son cheval, de conduire le troupeau où bon lui semble. Les Indiens, couverts de peaux de bisons, se placent derrière les poteaux ou hommes morts, et lorsque le troupeau est entré dans l’avenue, ils se lèvent et le poussent jusqu’au milieu de l’enceinte, où se trouve un arbre. À cet arbre pendent des offrandes au grand Esprit pour que la chasse soit belle. Dans les branches se tient un magicien avec sa pipe de magie, qu’il agite continuellement en chantant des prières afin que les bisons soient nombreux et gras.

Le troupeau entré dans l’enceinte, on ferme de suite la porte avec des pieux ; les bisons courent en rond les uns après les autres, essayant rarement de sortir, ce qui ne serait cependant pas difficile ; si un d’entre eux y songeait, tous les autres pourraient s’échapper. À ce moment, les Indiens les tuent avec leurs flèches et leurs couteaux.

Tant que l’on pousse les bisons, le spectacle est très-pittoresque ; mais le massacre le fait devenir plus pénible que beau à voir. C’était le troisième troupeau que l’on poussait dans cette embuscade depuis dix ou douze jours, et les carcasses en putréfaction infectaient l’air. Les Indiens massacrent ainsi des quantités de bisons, probablement pour le plaisir de la destruction. J’ai vu une embuscade de ce genre tellement pleine de carcasses que je ne pouvais comprendre comment tant de bisons avaient pu y tenir vivants. Il arrive parfois que les animaux sont si serrés dans l’enceinte qu’ils en