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grande part dans leurs attentions, ce qui ne sembla pas sourire à son cheval. M. Rundell avait attaché son chat par le cou au pommeau de sa selle avec une ficelle de quatre pieds de longueur, et fourré l’animal dans sa redingote pour plus de sûreté. Le chat, qui ne goûtait pas les sauts du cheval, fit un bond, à l’ébahissement des Indiens, qui ne comprenaient pas d’où il sortait. Retenue par sa ficelle, la malheureuse bête s’enroula dans les jambes du cheval et se mit à les mordre. Celui-ci devint furieux, et se mettant à ruer, lança M. Rundell par-dessus sa tête, sans lui faire grand mal. Ce fut une convulsion de rire générale, avec accompagnement de miaulements et de cris d’Indiens, ce qui donnait à cette scène un caractère d’un comique indescriptible : par bonheur, la vie du chat fut sauve, parce que la ficelle se brisa.

Nous fûmes accompagnés par une troupe de chasseurs qui se rendaient à un piège à bisons placé à six milles de distance. On ne peut établir ces pièges que dans le voisinage des forêts, parce qu’ils sont faits de bûches grossièrement entassées, hautes de cinq pieds, sur un terrain de deux acres. D’un côté, on ménage une entrée de dix pieds de largeur ; puis, sur un espace d’un demi-mille, une rangée de poteaux symétriques, appelés hommes morts, vont en s’élargissant graduellement jusque dans la plaine. Nous trouvâmes près du piège une bande attendant impatiemment les bisons que les chasseurs devaient y pousser. Voici comment ils s’y prennent : un homme monté sur un cheval très-vite court en avant jusqu’à ce qu’il voie une bande de bisons. Dès qu’il l’a rejointe, il allume une poignée d’herbes sèches ; la fumée s’élève : aussitôt que les bisons l’ont sentie, ils s’enfuient à fond de train. L’homme