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administration plus juste d’un aussi immense trafic. En temps de famine les administrateurs aident tout le monde alentour ; ils fournissent des médicaments aux malades, et tentent même d’agir comme médiateurs entre les tribus hostiles des Indiens. On ne voit ni ivrognerie ni débauché autour des postes, et la prohibition des liqueurs est telle que les officiers eux-mêmes n’en reçoivent qu’une ration très-modérée destinée à leurs voyages.

Je n’examinerai pas le côté politique du monopole du commerce des fourrures entre les mains d’une seule compagnie, mais j’exprimerai la conviction que je me suis formée par la comparaison des Indiens du territoire de la compagnie d’Hudson et ceux des États-Unis ; c’est qu’en ouvrant le commerce avec les Indiens à tous ceux qui veulent le faire, on marche droit à leur destruction. Car si d’une part il est de l’intérêt d’une grande compagnie comme celle d’Hudson d’améliorer les Indiens et de les pousser à l’industrie suivant leurs habitudes de chasse, même à leur profit ; il est aussi, par contre, de l’intérêt de petites compagnies et d’aventuriers isolés de tirer le plus de bénéfices possibles du pays dans le temps le plus court, bien que par ce procédé la source même de la fortune se tarisse. La malheureuse passion des liqueurs qui caractérise toutes les tribus indiennes, et les effets terribles qui en résultent, sont des instruments de destruction assurés dans des mains intelligentes.

Tout le monde sait que, malgré les lois des États-Unis qui défendent si strictement la vente de la liqueur aux Indiens, il est impossible de l’empêcher, et tandis que bien des marchands font de rapides fortunes sur leur territoire, les Indiens déclinent rapidement en caractère, nombre et puissance, tandis que ceux qui sont en