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lasso je parvins à sortir mon cheval. Je remontai et tentai l’aventure d’un autre côté, mais sans plus de succès. La boue m’entourait de tous les côtés, aussi loin que je pouvais voir. Mon cheval refusait de me porter d’avantage. Je dus donc descendre et le traîner de mon mieux jusqu’au ventre dans la boue et une eau grouillante de reptiles.

J’avais donc perdu ma route, je n’avais pas de boussole, et comme il pleuvait très-fort, je ne pouvais voir le soleil. Je me décidai toutefois à suivre une direction quelconque à tout hasard, espérant rejoindre la rivière Assiniboine, par les rives de laquelle j’atteindrais à coup sûr le fort. Après avoir marché ainsi huit ou dix milles, je trouvai enfin cette rivière, et deux heures après j’étais au fort Garry. Le lendemain matin, j’appris que deux hommes avaient apporté mon guide en allant à la recherche des chevaux. Le pauvre diable en me quittant s’était trouvé plus mal, et à peine avait-il marché qu’il fut obligé de s’arrêter. Il mourut deux jours après son arrivée.

Le fort Garry est un des mieux construits sur le territoire de la baie d’Hudson. Ses murs de pierre armés de canons protègent de grands magasins et les habitations des chefs de l’établissement : aussi ne redoute-t-il rien des métis ou des Indiens. Le gouverneur se nomme M. Christie.

Les fonctions de gouverneur de l’établissement de la rivière Rouge sont remplies de responsabilité et de tracas, car le bonheur et le repos de toute la colonie dépendent de la manière dont elles sont accomplies. Les métis sont très-portés à se plaindre, et bien que la compagnie les traite avec beaucoup de libéralité, ils demandent presque des impossibilités ; on ne peut cependant concevoir une