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je me préparais à partir seul, quand mon guide, se croyant mieux, me proposa de m’accompagner, à la condition d’aller en charrette et de ne pas s’occuper des chevaux ni de la cuisine. J’y consentis de grand cœur, ses services m’étant indispensables.

Nous partîmes le lendemain pour cette route de deux cents milles. Une troupe de vingt chasseurs nous escorta jusqu’à une dizaine de milles, pour nous protéger contre les Sioux du voisinage. Nous nous séparâmes alors après avoir fumé le calumet de l’amitié ; je ne pus me défendre d’un très-vif sentiment de regret ; j’avais reçu de la part de ces hommes sauvages et rudes tant de preuves de dévouement et d’amitié sincères. Nous trouvâmes l’eau très-rare dans cette première étape ; la plupart des mares qui nous avaient abreuvés en venant s’étaient desséchées.

Nous rencontrâmes une troupe de loups et de chiens sauvages attirés par l’odeur des corps morts. Après avoir entravé les chevaux, dressé ma tente et préparé le souper, je rentrai pour me coucher, non sans crainte d’une visite hostile des Sioux ; mon guide, pendant la nuit, cria dans un sommeil fiévreux, que ces ennemis fondaient sur nous. Je bondis sur mon fusil, et sortant dans l’obscurité, je faillis tuer mon cheval qui, en tombant dans les piquets de la tente, avait été cause de la frayeur du guide.

Nous marchâmes le jour suivant avec autant de rapidité que la santé de mon guide le permettait, et le soir du 30 juin nous campâmes sur les bords du Pambinaw. Je perdis un temps considérable le lendemain matin à attraper les chevaux, ces animaux parvenant, malgré les entraves, à marcher encore assez vite. L’après-midi, nous atteignîmes le lac Swampy (boueux).