Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

heureux jetait simplement un objet de sa toilette, pour indiquer son gibier, puis il se précipitait sur un autre. Ces marques sont rarement contestées, mais, dans ce cas, on se partage le bison.

Tous préparatifs faits, nous marchâmes vers le troupeau ; à peine avions-nous fait deux cents pas, que les bisons nous virent et partirent à toute vitesse ; nous les suivîmes à fond de train, et en vingt minutes nous fûmes au milieu d’eux. Il pouvait bien y en avoir quatre ou cinq mille, tous taureaux, sans une seule vache.

La chasse ne dura qu’une heure et s’étendit sur un terrain de cinq ou six milles carrés, où l’on pouvait voir cinq cents bisons tués ou expirant. Pendant ce temps, mon cheval, qui marchait vite, se trouva tout d’un coup en face d’un gros bison qui était caché derrière un pli de terrain ; il se jeta de côté et, mettant son pied dans un trou, il tomba en me lançant avec une telle violence, que je perdis connaissance. Je revins assez vite à moi : des chasseurs avaient repris le cheval ; je me remis en selle, fort heureusement, car je trouvai plus loin un chasseur renversé de la même façon et qu’on rapportait évanoui au camp.

Je me joignis de nouveau à la chasse, et arrivant près d’un taureau très-fort, j’eus le bonheur de le descendre du premier coup. Excité par ce succès, je jetai sur l’animal ma casquette, et bientôt logeai une nouvelle balle dans un énorme bison. Celui-là ne tomba pas, mais s’arrêta et se tourna vers moi en mugissant et en me lançant des regards sauvages. Le sang lui coulait abondamment de la bouche, et je croyais qu’il allait tomber. Il était si beau ainsi que je ne pus résister au désir d’en faire un croquis. Je descendis donc de cheval et je commençais, quand l’animal se préci-