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en avant. On reconnaît de loin les mâles à ce qu’ils paissent isolés, tandis que les vaches accompagnent les veaux et les maintiennent toujours au centre du troupeau. Un métis nommé Hallett, qui me soignait beaucoup, me réveilla le matin pour l’accompagner dans une reconnaissance, afin que je pusse examiner les bisons à leur pâturage et avant la chasse. Après six heures d’une rude marche, nous fûmes à un quart de mille du bison le plus rapproché. Le corps du troupeau s’étendait à perte de vue. Heureusement, le vent nous soufflait dans le visage, sans quoi les bisons nous auraient sentis à plusieurs milles. Je voulais les attaquer tout de suite, mais mon compagnon s’y opposa, afin de laisser le temps d’arriver au reste de la tribu, suivant les lois de la chasse. Nous nous cachâmes donc derrière un monticule, en dessellant nos chevaux pour les faire rafraîchir. Au bout d’une heure les chasseurs arrivèrent au nombre de cent trente ; chaque homme chargea son fusil et en examina la batterie.

Les plus âgés recommandèrent vivement aux plus jeunes de ne pas tirer les uns sans les autres. Chaque chasseur remplit sa bouche de balles pour les couler dans l’arme sans bourrer, afin de gagner du temps et de pouvoir charger au grand galop. Ajoutons tout de suite que le fusil risque d’éclater, mais les chasseurs n’y prennent pas garde ; l’arme ne porte pas loin non plus, mais cela n’a pas d’inconvénient, car on fait feu à bout portant.

Ces énormes bisons, qui dévorent la plaine en courant et que bousculent les chasseurs, et par-dessus tout une fusillade incessante, cela forme une scène d’une excitation inouïe. Sur chaque bison tombé, le chasseur