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paix était impossible jusqu’à la réparation du meurtre de leur ami.

Exposés aux vicissitudes de la vie indienne, les métis se font toujours précéder par des éclaireurs, qui dépistent les bisons et les ennemis. Ils annoncent les bisons en jetant en l’air des poignées de poussière, et les Indiens en courant à cheval dans tous les sens.

Trois jours après le départ des Sioux, nos éclaireurs annoncèrent des ennemis en vue. Aussitôt cent des chasseurs les mieux montés se rendirent sur la place, et se cachant derrière les bords d’un petit ruisseau, dépêchèrent deux d’entre eux, en guise d’appât jeté aux Sioux ; ceux-ci, les croyant seuls, se précipitèrent en avant ; alors les chasseurs, se levant, firent une décharge qui descendit huit de leurs ennemis ; les autres s’échappèrent, bien que plusieurs dussent être blessés, à n’en juger que par le sang répandu sur leurs traces. Quoique ressemblant beaucoup aux purs Indiens, les chasseurs ne scalpent pas leurs ennemis, et dans le cas présent, satisfaits de leur vengeance, ils abandonnèrent les cadavres à la cruauté d’un petit parti de Saulteaux qui suivait la bande.

Les Saulteaux sont une fraction de la grande nation des Ojibbeways, les deux noms signifiant sauteurs, désignation qui leur vient de leur adresse à sauter avec leurs canots par-dessus les rapides qui se rencontrent sur leurs rivières.

Je fis le dessin de l’un d’eux, Peccothis, « l’homme à la loupe sur le nombril. » Il parut enchanté d’abord, mais ses compagnons rirent tellement du portrait et firent tant de plaisanteries, qu’il se mit en colère et insista pour que je le détruisisse ou du moins que je ne le montrasse plus pendant mon séjour dans la tribu.