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place de celui de la vieille, il céda à sa faim, et sauva sa vie en dévorant le corps de son enfant.

Les Indiens regardent les Weendigos avec horreur, et repoussent celui qu’ils surprennent à manger de la chair humaine, parce qu’ils supposent qu’après en avoir goûté, on y revient toujours. Les malheureux sont donc obligés de construire leurs cases loin du reste de la tribu, et on écarte particulièrement d’eux les enfants. Toutefois, on ne les tourmente pas, mais on les plaint plutôt en songeant aux horribles tortures qui ont pu les réduire à ces extrémités. Je ne crois pas qu’aucun Indien, du moins de ceux que j’ai vus, mangerait son semblable, sauf le cas d’une faim horrible, et je ne pense pas non plus qu’il y ait aucune tribu indienne à laquelle le nom de cannibale puisse proprement s’appliquer.

Nous avons traversé aujourd’hui une distance de quarante et un milles, en passant quatre portages avant le lac Meican, long de neuf milles ; et le Portage neuf, qui mène au lac de la Pluie où nous avons campé ; ce lac est bien nommé, car nous y fûmes retenus par des torrents d’eau pendant deux jours. Il nous fallut jusqu’au 4 pour atteindre le fort Francis, à cinquante milles.

On voit devant le fort une magnifique cascade, à l’entrée de la rivière qui va du lac de la Pluie au lac des Bois. Au pied de ces rapides, on prend de grandes quantités de poisson blanc et d’esturgeons ; ils défrayèrent abondamment notre table : la base de la nourriture ici consiste en poisson et en riz sauvage, et en une petite graine qui pousse aux environs du fort ; c’est le premier endroit cultivé depuis le fort