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Parmi d’autres portraits d’Indiens, je fis celui de Kitchie-Ogi-Maw ou « le Grand Chef, » un Manomance célèbre dans sa tribu par plusieurs actes audacieux dont un de ses parents me fit le récit ; en voici un :

« Son oncle maternel, alors à Mackenaw, se trouva par hasard dans un magasin d’épiceries où l’on vendait des alcools, quand deux soldats entrèrent ; l’un d’eux traita l’Indien avec tant de brutalité que celui-ci, profitant de sa force herculéenne, saisit le soldat de sa main puissante et le jeta sur le dos ; puis il lui mit le genou sur la poitrine et l’assura qu’il ne lui ferait point d’autre mal, s’il voulait se conduire convenablement. Ces paroles, dites en langue indienne, ne furent pas comprises par les soldats : celui resté libre, croyant la vie de son camarade en danger, tira son sabre et frappa l’Indien au cœur. Aucune punition ne suivit le crime ; on se contenta seulement de renvoyer de Mackenaw l’offenseur pour le soustraire à la vengeance des parents de sa victime.

« Un an ou deux après cet événement, deux blancs, M. Clayman et M. Burnett, descendant la rivière du Renard dans un canot, passèrent devant l’habitation du père de Kitchie-Ogi-Maw, beau-frère de l’Indien massacré, qui campait avec sa famille sur le bord de la rivière. Ils furent remarqués par la femme, sœur de l’homme tué qui signala à son mari cette occasion de vengeance, et lui recommanda de ne pas la laisser échapper ; mais le mari hésitait, ne voulant pas risquer une rencontre si hasardeuse sans autre secours que celui de son fils, Kitchie-Ogi-Maw, âgé alors de quatorze ans. Sur quoi, afin de montrer son mépris pour ce qu’elle considérait comme une lâcheté, l’Indienne ôta