Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voler, je résolus de me faire une justice sommaire et je déchargeai mon pistolet sur le maraudeur. Je m’aperçus que j’avais été plus loin que je ne pensais et que j’avais tué le chien. Je fus immédiatement assailli par le propriétaire de l’animal et par sa femme pour le payement de mon forfait ; je consentis à liquider l’affaire en leur demandant en échange le montant du jambon et des autres provisions qui m’avaient été soustraits par le défunt. Tout compte fait, nous nous trouvâmes quittes, et on m’invita à souper pour partager les dépouilles de ma victime, travail auquel je trouvai, quelques instants après, mes hôtes activement occupés.

Les Indiens nomment cette île Mitchi-Macinum ou la « Grande Tortue, » parce que, vue à distance, elle ressemble à cet animal. Elle est située dans les détroits qui séparent les lacs Huron et Michigan, et contient quelques endroits pittoresques, un pont naturel entre autres que tous les étrangers visitent. Une compagnie de soldats tient garnison dans l’île. Les habitants ne vivent que de pêche, les rapides leur fournissant une quantité immense de saumons et de poissons blancs. Beaucoup de marchands se réunissent à Mackenaw, aux époques de payement ; ils apportent avec eux des liqueurs alcooliques qu’ils vendent en secret à ces malheureux ; car le commerce en est interdit, et maint Indien qui vient à Mackenaw de bien loin, retourne à son wigwam plus pauvre qu’auparavant, ayant eu une bonne ivresse pour toute récompense de son long voyage !

Je fis le portrait d’un chef nommé Mani-tow-wah-bay ou « le Diable. » Il me demanda avec inquiétude mes intentions. Je lui dis, pour le rassurer, que ces