nemies. Il appréhendait aussi la perfidie des Pieds-Noirs ; mais il savait que notre nombre, assez considérable, les tiendrait en respect.
6 juin. — Dans la matinée, un fugitif arriva qui apportait des nouvelles d’un combat qui avait eu lieu entre les Indiens ennemis. Il paraît que les Crees avaient eu une danse de magie suivant la coutume. À la fin de la cérémonie, ils retournèrent à leur camp qui avait à trois milles de là ses quatre-vingt-dix tentes ; leur mât de magie était encore debout. Peu de temps après, la compagnie que nous avions rencontrée découvrit ce mât, et un des hommes qui y était monté pour en arracher les ornements, aperçut le camp cree dans le lointain, alors sa troupe se prépara au combat ; mais elle avait aussi été découverte par un guerrier cree. Toutefois, celui-ci, se trompant sur le nombre des Pieds-Noirs, les annonça comme très-faibles. Dans cette erreur, les Crees commencèrent aussitôt l’attaque, se croyant sûrs de la victoire. Ce ne fut que plus tard, l’affaire déjà bien engagée, qu’ils s’aperçurent de leur infériorité ; ils se retirèrent immédiatement vers leur camp. Un seul chef, Pe-hothis, dédaignant de s’enfuir se précipita avec fureur au milieu de la troupe ennemie, frappant à droite et à gauche avec son poke-a man-gun, ou massue de guerre. Atteint de tous côtés par les balles et les flèches qu’on lui lançait, il n’en continua pas moins ce combat inégal, jusqu’à ce que son bras droit fut fracassé par une balle. Alors son cheval, ne se sentant plus retenu, s’enfuit avec lui loin du tumulte et l’emporta encore vivant jusqu’à sa tente ; il n’eut que le temps de recommander sa femme et ses enfants à sa tribu.