« La compagnie du fort craignant de rencontrer un grand nombre d’indiens, hésitait à s’avancer à la portée des coups ; mais un nègre de la troupe offrit d’aller devant pour reconnaître l’état des choses. S’avançant avec de grandes précautions et ne voyant personne, il commença à croire que les Indiens étaient partis ; mais quand il fut à peu près à vingt mètres du sommet, Grand-Serpent sortit de son embuscade et tira sur lui. Le nègre tomba, et le chef, l’ayant scalpé, secoua cette dépouille d’un air dérisoire du côté des Américains.
« Peu de temps après, Grand-Serpent rencontra une grande troupe de Pieds-Noirs qui s’avançaient vers le fort pour le commerce. À son arrivée au milieu d’eux, il leur raconta ce qu’il avait fait et défia qui que ce fût de censurer sa conduite sous peine de se rendre son ennemi. La bande savait bien que ses actes équivalaient à une déclaration de guerre, et qu’ainsi toute communication avec l’établissement serait interceptée, à moins qu’ils ne livrassent Grand-Serpent comme prisonnier. Ils se turent tous pourtant plutôt que de s’attirer la colère d’un homme aussi redoutable.
Une autre bande de la même tribu, ignorant ces événements, arriva au fort quelques jours après. Les Américains, pensant que c’était une bonne occasion de châtier leurs agresseurs, chargèrent un de leurs canons à balle, et tandis que les confiants Indiens attendaient à la porte, on mit le feu à la pièce. Par bonheur, le coup ne partit pas ; mais les Indiens, qui s’apercevaient d’un mouvement extraordinaire, prirent l’alarme et s’enfuirent.
On renouvela, et cette fois la fusée fit voler des pro-