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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

avaient aussi une attitude plus guerrière et des traits plus beaux.

Comme M. Harriett désirait faire avec eux plus ample connaissance, il accepta l’invitation de camper près d’eux jusqu’au lendemain matin, ce qui me fut aussi très-agréable ; cela me permettait de faire plusieurs croquis et d’entendre quelque chose sur leur compte.

Quand nous eûmes fumé, plusieurs des jeunes braves commencèrent une course aux chevaux, c’est leur divertissement favori, et ils engagent là de forts paris. Pour les courses, ils montent généralement à cheval, dépourvus de tout vêtement, sans selle, avec un simple lasso attaché à la mâchoire inférieure du cheval. Le frère de Grand-Serpent me raconta l’anecdote suivante de son frère, dont il paraissait très-fier ; M. Harriett comprenait la langue et servait d’interprète :

« Quelque temps auparavant, le Grand-Serpent entrait dans un des forts américains situé près des montagnes Rocheuses. Comme il y montait un jour avec deux autres Indiens, on lui ferma brusquement la porte par ordre du commandant, nouvellement arrivé dans la contrée. La fierté de Grand-Serpent lui fit regarder cet acte comme une insulte ; il rebroussa chemin, et bientôt il rencontra du bétail qu’il savait appartenir au fort ; il commença à tirer dessus et en abattit treize têtes.

« Aussitôt que le soldat en sentinelle, auteur de l’affront fait au chef, eût entendu les coups de feu, il en devina la cause et avertit le commandant, qui rassembla immédiatement ses hommes et les conduisit, bien armés, dans la direction du feu ; Grand-Serpent se retira alors, avec ses deux compagnons, derrière une petite colline.