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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Quand j’en descendis, le premier soir, il essaya de m’échapper, et quand il sentit que je le retenais par le lasso, il tenta de me mordre. Et si un de mes hommes ne l’avait assommé avec un bâton, il m’aurait gravement blessé. Nous marchions donc lentement car je ne voulais pas m’écarter de la caravane. Nous trouvâmes des bisons dans des endroits où les Indiens dirent qu’ils n’en avaient jamais vu avant, et nous demeurâmes deux jours dans un endroit appelé la rivière des Batailles pour laisser reposer nos chevaux. Je me promenai avec un Indien et je tuai une vache qui était suivie de son veau ; or je désirais prendre le veau en vie, de façon à ce qu’il pût se rendre tout seul au camp. Je le poursuivis, l’attrapai, et attachant ma ceinture autour de son cou, j’essayai de l’entraîner ; mais il s’élançait et faisait des efforts incroyables. J’allais le tuer quand l’Indien lui saisit la tête et, lui élevant le museau cracha deux ou trois fois dedans ; alors, à mon grand étonnement, l’animal devint parfaitement tranquille et nous suivit au camp, où il fut immédiatement assaisonné pour le souper.

Trouvant sur notre route trois rivières extrêmement hautes, nous construisîmes des radeaux pour les traverser et aussi pour conserver nos provisions sèches. À la quatrième, une grande masse de glace qu’un de nos hommes amena au bord en nageant, nous en tint lieu ; elle se soutenait assez sur l’eau pour supporter deux ou trois hommes. Avec nos lassos, nous la faisions aller d’un bord à l’autre et nous pûmes promptement passer toutes nos provisions sans les mouiller ; les chevaux nagèrent jusqu’à l’autre rive.

Quelques-uns des hommes souffrirent cruellement de « l’aveuglement de la neige : » c’est une espèce d’in-