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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

vêtements de magie. Ils se couvrent de tous les ornements qu’ils possèdent et les conservent ainsi sur eux en s’avançant jusqu’à l’ennemi ; mais aussitôt qu’ils l’aperçoivent, ils s’en dépouillent complètement et combattent tout nus.

Une année avant mon arrivée parmi eux, un corps d’armée de sept cents hommes partit pour le pays des Pieds-Noirs, que la nation des Crees regarde comme leurs ennemis naturels. Après une marche de quinze à vingt jours, une épidémie éclata au milieu d’eux ; elle en emporta quelques-uns et en rendit malades un bon nombre ; quelques-uns de leurs grands hommes considérèrent cette épidémie comme une punition infligée par le Grand-Esprit pour quelque faute précédente, et sur leur avis ils revinrent chez eux sans rien faire de plus : dans une autre circonstance, une armée aussi nombreuse en vint aux mains avec un grand guerrier, célèbre parmi les Pieds-Noirs, appelé la Grande-Corne, qui avec six de sa tribu, était sorti pour le but légitime de voler des chevaux, car le plus grand dérobeur de chevaux, n’est-ce pas le plus grand guerrier ? Cette petite bande voyant son infériorité numérique essaye de fuir. La fuite est impossible ; les guerriers creusent instantanément des trous assez profonds pour s’y retrancher et de là ils font pleuvoir une grêle de balles et de flèches pendant près de douze heures, et tiennent ainsi à distance ce corps d’armée considérable en abattant chaque homme qui s’aventure à leur portée. À la fin, sans munitions et sans flèches, ils sont une proie facile, mais trente de leurs ennemis jonchaient le sol. Les Crees les coupèrent en morceaux et mutilèrent leurs cadavres de la plus horrible façon, emportant triomphalement leurs scalps.