parasites sur sa personne, c’est que le porteur de pipe n’ose pas gratter sa propre tête, sous peine de compromettre sa dignité ; il lui faut l’intervention d’un bâton qu’il porte toujours avec lui pour cet usage.
La pipe couverte de ses enveloppes se met dans un grand sac de drap ; il vaut mieux qu’il soit de différentes couleurs, lorsqu’on peut se le procurer ainsi, et on suspend ce sac à l’extérieur de la tente. Car jamais la pipe ne peut entrer à l’intérieur, ni le jour ni la nuit ; on ne doit pas non plus la découvrir en présence d’une femme.
Une quinzaine de jours après mon arrivée, Kee-akee-ka-sa-coo-way, « l’Homme qui pousse le cri de guerre, » dont j’ai fait mention plus haut, quand je le rencontrai sur le Saskatchawan, arriva à Fort-Pitt avec son sous-chef, Muct-e-too, « la Poudre. »
Kee-a-ka-sa-coo-way est chef principal de tous les Crees et il se rendait alors successivement dans tous les camps pour engager ses sujets à prendre le tomahawk et à l’accompagner dans une expédition de guerre au printemps suivant. Dix pipes sacrées l’accompagnaient ; six d’entre elles appartenaient à des chefs inférieurs qui avaient déjà consenti à le suivre sur le sentier de la guerre. Curieux d’assister à la cérémonie de l’exposition de ces pipes, je me rendis avec le chef au camp qui est situé à quelques milles du fort.
À notre arrivée, on débarrassa les pipes de leurs enveloppes et elles furent portées processionnellement tout autour du camp ; le chef en personne les précédait. La procession fit halte presque devant chaque loge et le chef débita une harangue destinée à engager les Crees à prendre les armes pour venger la mort des guerriers tués dans les combats précédents.