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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Nous restâmes debout fort tard à converser avec le chef qui semblait prendre un vif plaisir à notre société. La conversation l’amena à parler des travaux des missionnaires au milieu de son peuple. Il ne semblait pas croire à leurs succès, car, bien qu’il ne se mêlât pas des croyances religieuses de ses sujets, il savait que beaucoup d’entre eux pensaient comme lui sur ce point, et voici quelles étaient ses idées. M. Rundell, M. Hunier et M. Thebo étaient venus, l’un après l’autre, lui exposer leurs doctrines, chacun d’eux lui disant que la sienne seule enseignait le chemin du ciel, tandis que celle des autres faisait fausse route ; aussi pensait-il qu’ils devaient se réunir tous trois pour discuter ces choses et se mettre d’accord, mais que jusque-là il ne voulait pas se joindre à eux. IL nous raconta ensuite une tradition de sa tribu sur un Indien qui avait embrassé le christianisme. Cet homme avait vécu dans le bien, et à sa mort il avait été enlevé dans le ciel des blancs, dans ce lieu magnifique où tous étaient heureux au milieu de leurs parents et de leurs amis ; mais l’Indien ne pouvait partager cette joie et ce bonheur, car il ignorait tout, il ne rencontrait aucun des esprits de ses ancêtres, et personne ne lui souhaitait la bienvenue ; pas de chasse, pas de pêche, aucun de ces plaisirs dans lesquels il avait trouvé autrefois son bonheur, et son esprit devint tout triste. Alors le grand Manitou l’appela, et lui dit : « Pourquoi es-tu triste dans ce beau ciel que j’ai fait pour ta joie et ton bonheur ? » L’Indien lui répondit qu’il soupirait après la compagnie des esprits de ses ancêtres, et qu’il se sentait seul et triste. Alors le grand Manitou lui dit qu’il ne pouvait pas l’envoyer dans le ciel indien, puisqu’il avait choisi l’autre pendant sa vie, mais que, comme