Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
les indiens de la baie d’hudson.

il se présenta à elle entouré des scalps de ses adversaires et chargé de dépouilles. Dès qu’il la vit, il s’éprit d’elle et chercha, par les preuves de l’amour le plus passionné, à attirer ses regards. Il lui raconta ses nombreuses victoires, lui nomma les ennemis qu’il avait tués ; il montra les scalps encore sanglants arrachés aux guerriers, la terreur de la nation ; il énuméra les chefs qui s’étaient traînés à ses pieds en demandant la paix, enfin il employa tous les moyens pour gagner les bonnes grâces des parents qui, fiers de cette conquête, essayèrent de persuader à leur fille d’accepter une alliance aussi glorieuse. Mais elle, sourde à ces paroles et fidèle à son fiancé, ne conçut que du dégoût pour ces trophées hideux.

« Sans se décourager, et déterminé à la posséder par quelque moyen que ce fût, Shawwanossoway persévéra dans ses poursuites. La pauvre fille, poussée à bout par les menaces de ses parents décidés à triompher de ce qu’ils nommaient son obstination, se détermina à en appeler à l’honneur de son persécuteur, et, dans un moment de désespoir, confessa son amour pour Muck-e-tick-enow. À cette nouvelle, Shawwanossoway sentit son cœur se remplir d’une jalousie terrible, et résolut de tuer son rival. Il se fit indiquer la route suivie par lui, se mit à sa poursuite, atteignit son campement, et, rampant près de son feu, le tua, tandis qu’il préparait son repas du soir. Cachant le corps dans les broussailles, il s’empara de ses trophées de chasse, afin de pouvoir constater son absence, et rentra au village, où il reprit ses poursuites. La malheureuse Awh-mid-way rejeta encore ses propositions, jusqu’à ce qu’enfin, obsédée par les ordres et les menaces de ses parents, et espérant échapper par la ruse