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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Quelques milles plus loin, nous vîmes une petite bande de bisons ; François m’initia dans les mystères de ce qu’on appelle faire un veau. Deux hommes se couvrent, l’un d’une peau de loup et l’autre d’une peau de bison.

Ainsi affublés, ils se traînent à quatre pattes du côté des bisons, et aussitôt qu’ils ont réussi à attirer leur attention, le prétendu loup saute sur le prétendu veau, qui se met à beugler. Les bisons s’y trompent aisément. Comme les deux chasseurs imitent le beuglement avec beaucoup de vérité, le troupeau tout entier accourt pour défendre le veau avec une telle impétuosité, qu’il s’aperçoit de la ruse trop tard pour échapper. François possédait un beuglement incroyablement exact ; toutefois, aussitôt que les bisons s’aperçoivent de leur méprise, ils s’enfuient au plus vite, mais non sans laisser derrière eux deux victimes qui payent de leur vie leur peu de discernement. Peu de temps après, nous rencontrâmes une vache et un taureau, et nous nous préparâmes à mettre de nouveau notre ruse en usage. La vache fit mine de courir vers nous, mais le taureau, qui paraissait au fait des choses, voulut l’arrêter en se mettant entre elle et nous ; elle décrit alors un circuit et va passer à dix ou quinze pas de nous avec le taureau sur ses talons : nous tirons, François et moi, et elle tombe. Le taureau s’arrêta tout court, et, se penchant sur elle, essaya de la relever, lui témoignant son affection de la manière la plus touchante ; nous ne pûmes nous en débarrasser qu’en le tuant aussi. Après avoir chargé nos chevaux des meilleurs morceaux des trois vaches tuées, nous retournâmes au fort. François avait pris soin d’emporter les mésentères, ou monoplies, comme il les appelait, parties fort recherchées dans l’inté-