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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

séché ; mon voisin de droite distribuait, avec une gracieuse impartialité, du poisson blanc délicatement rissolé dans de la moelle de bison, tandis que M. Rundell coupait en tranches des queues de castors ; enfin, un autre convive découpait avec amour un rôti d’oie sauvage. Au centre de la table, s’élevaient des monceaux de pommes de terre, de navets et de pain, placés de façon à ce que chacun pût se servir sans interrompre les travaux de ses compagnons. Tel fut notre joyeux dîner d’Edmonton, dont ma mémoire gardera longtemps le souvenir.

Dans la soirée, on disposa la salle pour une danse, fête à laquelle M. Harriett avait invité tous les habitants du fort ; bientôt on vit arriver les conviés dans leurs toilettes les plus recherchées. Les Indiens, dont la principale parure consiste dans la peinture dont ils couvrent leurs visages ; les voyageurs avec leurs éclatantes ceintures et leurs moccassins joliment ornés ; les métis chargés de tous les ornements qu’ils avaient pu rencontrer, tant sauvages que civilisés. Tous riaient et causaient à l’envi. On entendait autant de différentes langues que l’on voyait de costumes : l’anglais fut employé pourtant, moins que les autres, car personne ne le parlait, excepté les convives du dîner ; et presque tout le monde prit part à la danse. À cette danse pittoresque, j’eus d’abord pour danseuse une jeune Cree qui portait autour de son cou une quantité de verroteries suffisante pour faire la fortune d’un marchand forain ; l’ayant amenée au milieu de la salle, je dansai autour d’elle avec toute l’agilité dont j’étais capable, au son d’une danse écossaise que le ménétrier jouait de toutes ses forces, tandis que ma danseuse sautait à pieds joints comme une Indienne seule peut le faire. Je crois cepen-