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les indiens de la baie d’hudson.

curiosité du fait, de m’adresser au magicien. Il me répondit que sa science était impuissante pour ce qui concernait les faces pâles, et malgré l’offre d’une honnête rétribution, je ne pus obtenir qu’il exerçât son art en ma faveur. Il avait été un guerrier illustre dans sa jeunesse, mais, par suite d’un événement romanesque, il avait quitté le tomahawk et le couteau à scalper pour la pacifique profession de devin, qui lui valait une grande réputation parmi ses compagnons. Voici l’anecdote : « Il y avait, voilà de longues années de cela, sur les bords de l’un des grands lacs, une bande de Ojibbeways. Parmi eux se trouvait une famille composée du père et de la mère avec un fils et une fille du nom de Awh-mid-way ou « son passage est une harmonie » : elle surpassait en beauté le reste de la tribu, et tous les jeunes guerriers de la nation recherchaient sa main. Au bout de peu de temps, le guerrier Muck-e-tickenow ou « l’Aigle-Noir, » célèbre par son courage à la guerre et à la chasse, avait gagné ses bonnes grâces : loin de dissimuler sa préférence pour lui, la jeune fille, suivant les coutumes de sa nation, éteignit sans hésiter l’écorce enflammée que l’Aigle-Noir avait fait glisser sur le ruisseau qui passait devant la case de sa bien-aimée ; elle le reconnaissait ainsi pour son fiancé attitré. Sûr de son succès, le guerrier fit tous ses efforts pour se rendre les parents favorables et compenser pour eux la perte d’une fille aussi chère. Il partit en conséquence pour une chasse lointaine, et tandis qu’il recueillait une moisson de trophées et de présents, le sort jaloux amena dans le camp Shawwanossoway, grand chef de guerre dans toute sa gloire, il revenait vainqueur d’une expédition.

« Ayant entendu parler de la beauté de Awh-mid-way,