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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Heureusement j’en sors assez facilement, mais je suis trempé. Comme nous n’avons presque plus de provisions et que nous étions tous affamés, je pousse en avant, comptant sur le mouvement pour me réchauffer dans mes vêtements mouillés. Je n’ai pas froid, en effet, mais le frottement de mes habits de cuir dépouille mes jambes, grande souffrance. Nous campons après une rude journée, espérant pouvoir atteindre le fort Assiniboine le lendemain : ainsi nous achevons nos provisions.

28 novembre. — Départ à trois heures du matin, c’est plus tôt que d’habitude, mais nous n’avons rien à manger, et cela est décisif. Je commençais à me sentir cruellement éprouvé. Le mal de raquettes me torturait à chaque pas : la plante de mes pieds était à vif par suite des glaçons qui formaient tous les jours une épaisseur d’un pouce dans mes bas. Ces glaçons se brisent en petites miettes qui deviennent comme des graviers dans la chaussure ; de plus, j’étais affaibli par le manque de nourriture. L’espoir d’arriver en un lieu de sûreté me soutient pourtant, et je passe force bourdigneaux, lentement, il est vrai, mais avec courage. À la fin, la fatigue et l’affaiblissement nous font camper encore loin du fort. Longue consultation du soir pour savoir si nous mangerons les chiens ; mais leur maigreur les sauva : les deux ne nous auraient fourni qu’un repas insuffisant ; d’ailleurs ils pouvaient encore tirer le traîneau, et c’était à prendre en grave considération ; nous devions atteindre le fort le lendemain ; je dois avouer que si les pauvres animaux eussent été jeunes, ils auraient été mangés.

29 novembre. — Nous partons encore de grand matin, poussés par la faim. Dans ces régions du Nord,