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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

trouvâmes un courant si rapide que les glaçons désunis se bousculaient les uns les autres. De chaque côté, les berges s’élevaient perpendiculaires et impossibles à gravir ; et comme c’est une règle dans les voyages à l’intérieur des terres, de ne jamais revenir sur ses pas, nous campâmes à l’abri d’une colline dans l’espoir que le froid de la nuit ferait prendre les glaçons et nous permettrait de passer le lendemain.

Une fois au camp, les hommes me voyant souffrir terriblement du mal de raquettes, me conseillèrent de scarifier mon cou-de-pied et m’offrirent de faire cette opération, ce qui s’exécute avec une pierre à fusil aiguisée ; mais je redoutais que la gelée ne se mît dans les blessures et je refusai, sachant bien cependant qu’ils me conseillaient le meilleur remède. Nous n’avions pas pu tirer une seule pièce de gibier, et nous voyions avec terreur diminuer nos ressources ; nos pauvres chiens semblaient si épuisés et si sauvages que nous leur attachâmes la tête tout près des arbres pour les empêcher de ronger leurs liens et de se sauver.

26 novembre. — La rivière a pris pendant la nuit ; elle peut nous supporter, mais nous n’avançons qu’avec de grandes précautions ; nos raquettes couvraient assez de surface pour nous soutenir, mais la glace était encore si mince que les chiens et le traîneau la brisent ; nous aurions tout perdu, si notre Indien, avec une corde attachée au traîneau, ne l’avait tiré du trou. Après ce mauvais pas, nous glissons pendant quarante milles sur une glace suffisamment solide.

27 novembre. — Nous marchons très-bien jusqu’à midi, mais je souffre tellement du mal de raquettes, que je résous d’essayer de marcher sans elles. Je n’ai pas fait quelque pas que je passe à travers la glace.