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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

19 novembre. — Le matin, nous voyons que l’eau a passé par-dessus la glace, et nous devons faire un circuit par les bois. Nous trouvons tant de buissons et le bois tombé en si grande abondance, que nous taillons un chemin pour le passage du traîneau et des deux chiens. Il nous faut trois heures pour faire un mille avant de rejoindre les bourdigneaux ; ils nous semblent préférables encore aux fourrés et aux taillis impénétrables qui côtoient la rivière en ces endroits. Je souffre cruellement ce jour-là, car mes pieds sont si coupés par les cordons gelés de mes raquettes, que je laisse une traînée de sang derrière moi à chaque pas. Le soir, quand nous campons, il fait tellement froid que nous ne pouvons dormir que quelques minutes de suite ; quelque grand que fût le feu, il ne réchauffait que les parties de notre corps qui le touchaient presque ; nous marchons sans cesse pour ne pas geler.

20 novembre. — Ce matin, je vois que j’ai le mal que les voyageurs appellent le mal de raquettes. C’est le sort de ceux qui ne sont pas faits à ces chaussures ; on le sent à chaque pas. Je ne saurais comment dépeindre cette atroce souffrance, mais il semble que les os soient fracturés et que les jointures disloquées se heurtent à vif par chaque mouvement.

21 novembre. — Le matin, la rivière vient s’arrêter tout près du campement. Elle entasse les glaçons en pyramides avec un bruit terrible. Encore un détour bien pénible à faire par les bois. En regagnant la rivière, une neige épaisse se met à tomber et dure le reste de la journée ; ni cet embarras de plus, ni mon mal de raquettes, ni mes souffrances, ne nous empêchent de faire vite un bon bout de chemin. Nos vivres dispa-