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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

par le courant qui marchait comme l’eau d’un moulin. Heureusement je ne perdis ni ma présence d’esprit ni mon bâton, et les hommes arrivèrent à temps, pour me sauver. Mais, dès que je sortis de l’eau, mes vêtements devinrent roides et nous dûmes camper pour la nuit.

18 novembre. — Nos peines semblent augmenter à chaque pas, mais nous n’avons pas à choisir. Aussi, nous remontant avec cette pensée qu’on ne sait ce qu’on peut supporter qu’après l’épreuve, nous nous préparons à partir de bonne heure. Notre premier ennui vint du départ du chien que M. Frazer m’avait prêté (le meilleur de tous). Il avait rongé sa corde et pris la fuite. C’est une perte grave, car, à part son utilité pour tirer le traîneau, nous ignorions si nous ne devrions pas le manger, nos provisions devenant très-restreintes et les lapins très-rares.

La tribulation qui suivit est le passage du grand rapide ; nous trouvons la rivière obstruée par des bourdigneaux de dix à douze pieds de hauteur sur quatre milles de long. Nous franchîmes ces pointes de glace avec d’incroyable souffrances, les membres meurtris par des chutes incessantes et les pieds coupés par les angles tranchants des glaçons brisés. Enfin, épuisés de fatigue et de douleur, nous campons découragés après une journée de dix à douze milles.

Pendant la nuit, nous nous réveillons par un vacarme effroyable qui se fait dans les blocs de glace. C’était la rivière qui montait. Je tremble que nous ne soyons écrasés dans notre campement qui est si proche ; mais les hommes sont trop fatigués pour bouger, et moi trop épuisé pour les sermonner. Nous continuons donc à dormir.