Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
les indiens de la baie d’hudson.

toucher aux liqueurs alcooliques, si on consentait à le délivrer de ses liens. Le capitaine y consentit, et depuis vingt-trois ans Sigennok est resté fidèle à sa parole. »

Un soir que je me promenais dans le voisinage du camp, j’entendis le son d’un instrument de musique, et en m’approchant du virtuose qui était placé sous un arbre, je le trouvai soufflant dans un instrument assez semblable à un flageolet, mais beaucoup plus doux comme son. C’est l’instrument employé par les amoureux dans le voisinage de la case habitée par leur maîtresse. J’ai souvent entendu avec plaisir résonner ces notes simples et plaintives dans le silence des forêts. L’amoureux ne dissimulait pas son secret, il causait au contraire avec moi de ses amours.

Les Indiens se réunissent annuellement à Manetouawning de tous les bords des lacs Huron, Nipissing et Supérieur, et aussi des îles avoisinantes. À l’arrivée des présents, tous, hommes et femmes, avec les enfants, s’assoient par rangs sur le gazon ; chaque chef, en tête de sa bande, indique le nombre et les noms de ses hommes à Sigennok, qui distribue les présents avec une grande impartialité. Sa parole domine tout ce tumulte de voix discordantes, son éloquence est incessante, et semble avoir pour effet de calmer toutes les mauvaises humeurs, et de maintenir l’entrain et la gaieté.

Parmi les nombreux Indiens assemblés en ces lieux, j’en remarquai particulièrement un à sa physionomie noble et respectable. J’appris qu’il se nommait Shawwanossoway ou « celui à la figure tournée vers l’ouest, » et qu’il était un grand devin, connaissant le passé, le présent et l’avenir. J’avais perdu quelques jours auparavant des objets de campement, et je résolus, pour la