ple, j’aurais dû passer le plus rude des hivers dans le misérable établissement de Jaspers’-House.
15 novembre. — De grand matin, nous nous équipons pour la route ; nos raquettes de neige sont longues de cinq à six pieds. La paire que je porte a exactement ma hauteur, cinq pieds onze pouces. Avec un si petit nombre de chiens, nous ne pouvons emporter beaucoup de provisions ; nous nous confions à nos fusils pour nous en procurer le long du chemin.
À quinze ou seize milles de Jaspers’-House, nous arrivons à une habitation indienne occupée par une femme et ses cinq enfants. Son mari était à la chasse. Elle nous montra tant de bienveillance que nous décidons de nous arrêter chez elle, d’autant plus que c’est notre première journée avec les snow-shoes, et que nous évitons ainsi un campement. Le chasseur revient tard dans la soirée avec un mouton sur son dos. Nous nous mettons tous à l’œuvre pour le cuire. La femme en fait bouillir autant que sa marmite en peut contenir, et les hommes attachent les restes à des bâtons pour les faire rôtir. Toute la troupe attaque à belles dents et mange le mouton entier. Le chasseur nous dit qu’il avait vu ce jour-là trente-quatre moutons, et qu’il ne se souvenait pas d’un hiver où il en fût tant descendu des montagnes. Il se montre très-agréable hôte et il me conte toute la soirée les histoires de ses exploits de chasse. Ma bonne hôtesse me prépare pour la nuit un lit de peaux de mouton, le plus confortable qui me soit échu depuis bien des mois.
16 novembre. — Nous déjeunons avant le jour et partons dans des bois très-épais. Nous glissons sur Jasper’s Lake pendant douze milles de longueur. Le vent souffle comme pour une tempête ; heureusement qu’il