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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

rien vu de cette perte, les hommes arrivent à Fort-Sullivan, et remettent le cannibale aux mains de M. Mullau, le chef des forts, en lui racontant les détails de l’événement. L’Indien fut bientôt après envoyé à un poste éloigné de la Nouvelle-Calédonie ; c’était une punition, et aussi un moyen de s’en débarrasser, car aucun voyageur ne voulait s’associer à un tel compagnon.

J’avais récemment voyagé pendant plusieurs centaines de milles avec le fils de cet homme qui se conduisit toujours bien ; mais sa vue et les souvenirs attenant à sa naissance me rendirent fort pénible l’idée de me trouver avec lui dans une situation analogue.

5 octobre. — Matinée ravissante. Carriboos. On ne peut s’approcher assez pour les tirer. Nous découvrons dans le lointain les montagnes Rocheuses, admirables dans leur teinte azurée. Les eaux baissent assez pour nous permettre de remonter les rapides, quoique tout le jour soit employé à traîner nos bateaux sur trois milles seulement. Mais les bateaux souffrent tellement du cahot, qu’il faut les remonter sur le rivage, et graisser les quilles avec de la résine de pin. Je dessinais les rapides ; notre pilote s’approche et me raconte un triste événement arrivé à cet endroit ; je vais tâcher de le rapporter avec les propres termes du narrateur.

« Il y a quatre ans, me dit-il, je traversais les montagnes Rocheuses avec une quarantaine de personnes. Arrivés au Boat-Encampment, nous nous embarquâmes dans deux bateaux. L’un, que je gouvernais, portait vingt-deux voyageurs, parmi lesquels un monsieur envoyé dans l’intérieur pour des recherches botaniques. En allant à Saskatchawau, il avait rencontré une jeune fille métis qui devait traverser les monta-